La rivière Winnipeg atteint des niveaux records, mais nos installations demeurent capables de recevoir toute cette eau

Cet article a été publié en juin 2022 et peut contenir des informations obsolètes.

La rivière Winnipeg atteint des niveaux historiques – et notez que nous utilisons cet adjectif sans guillemets. Il n’y a jamais eu autant d’eau depuis que nous mesurons le débit de cette rivière, à savoir depuis le début des années 1900.

La bonne nouvelle, c’est que nos centrales aménagées sur la rivière Winnipeg ont été construites de manière à laisser couler des quantités d’eau comme celles que nous observons ce printemps.

Nous n’avons actuellement pas à nous inquiéter de la capacité de nos barrages à recevoir l’eau de la rivière Winnipeg, mais nos équipes ont tout de même beaucoup de travail à faire pour s’adapter à ce phénomène unique et gérer la situation.

L’eau jaillit en cascade par les vannes d’évacuation, à une hauteur beaucoup plus élevée que la normale.

Vannes d’évacuation de la centrale de Seven Sisters déversant les eaux de crue

Agrandir l’image : L’eau jaillit en cascade par les vannes d’évacuation, à une hauteur beaucoup plus élevée que la normale.

La surveillance d’un événement historique de cette ampleur exige un grand effort d’équipe. Ainsi, nos prévisionnistes travaillent à temps plein pour aider l’équipe responsable de la rivière Winnipeg à se préparer aux débits d’eau attendus, nos équipes de surveillance et d’inspection gardent nos installations et nos structures à l’œil, et nos opérateurs modulent et maintiennent la capacité de chaque centrale à laisser l’eau s’écouler dans notre réseau hydrographique.

Tous les membres de l’équipe se concentrent sur la modeste contribution qu’ils apportent à l’histoire de Manitoba Hydro. Puisque nombre d’entre eux résident dans la région, ils sont, comme tous les riverains, touchés de près par ce phénomène sans précédent.

Mythe : « Toute cette eau nous permettra de produire beaucoup d’électricité. »

Pour plusieurs raisons, les gens comprennent parfois mal le lien qui existe entre toute cette eau qui s’écoule dans le réseau de la rivière Winnipeg et la production d’électricité.

Premièrement, les impressionnants torrents que vous voyez ne contribuent en rien à la production d’électricité. Ces spectaculaires volumes d’eau sont en fait détournés de nos centrales par un « évacuateur de crue ».

Les barrages et les structures de nos centrales sont conçus pour maintenir une certaine profondeur d’eau dans le réservoir situé en amont, que l’on appelle « bief d’amont » (nous y reviendrons plus tard).

Si une trop grande quantité d’eau arrive à une centrale, nous ouvrons les vannes d’évacuation situées sur le côté de l’ouvrage afin de permettre à cette eau de contourner l’installation et de maintenir un niveau adéquat dans le réservoir.

Toutefois, l’eau qui est détournée de la centrale n’a pas la chance de transiter par un groupe turboalternateur et ne servira donc pas à produire de l’électricité.

Cela peut sembler étonnant, mais les gens du secteur de la production d’électricité voient là de l’eau gaspillée que nous devons laisser dériver à côté de nos centrales sans nous en servir pour en tirer de l’énergie électrique.

Ensuite, le niveau élevé de la rivière complexifie, en fait, la production d’électricité au moyen de l’eau qui traverse nos groupes turboalternateurs.

Comme nous l’avons appris dans nos cours de physique, un objet que l’on tient en hauteur contient de l’énergie potentielle. Quand on relâche l’objet, cette énergie potentielle se transforme en énergie réelle. Si vous êtes en mesure de tirer parti de ce changement de hauteur, vous pouvez capter l’énergie et l’utiliser.

On peut mettre à profit la hauteur d’eau dans le bief d’amont d’une centrale pour gérer l’énergie potentielle de l’eau qui s’écoule dans une rivière. Vous souhaitez avoir une certaine hauteur d’eau en amont et convertir cette énergie potentielle qui est stockée dans toute cette eau.

Pour ce faire, on laisse « tomber » cette eau vers le « bief d’aval » – qui est la zone située immédiatement en aval du bâtiment – en lui faisant traverser une centrale. Plus grande est la distance franchie par l’eau durant sa chute, plus grande sera la quantité d’énergie qu’elle contenait plus tôt qui est convertie en électricité.

Toutefois, c’est ici qu’un niveau d’eau élevé joue en fait contre nous.

Puisque nous maintenons un niveau relativement constant dans le bief d’amont (comme nous l’avons expliqué plus haut, nous utilisons l’évacuateur de crue pour « déverser » le trop-plein d’eau qui se trouve en amont), l’augmentation du niveau de la rivière a un effet plus prononcé dans le bief d’aval.

Si le niveau dans le bief d’aval est plus élevé que les valeurs moyennes, l’eau qui se trouve dans le réseau de la rivière Winnipeg a donc une moins grande distance à parcourir en traversant nos groupes turboalternateurs. Cela réduit notre possibilité de convertir en énergie électrique toute l’énergie que contient cette eau, si bien que nous produisons moins d’électricité.

(C’est un peu comme lorsqu’un Slinky que l’on fait descendre dans un escalier ne franchit que quelques marches. On a alors beaucoup moins de plaisir que si le jouet dévale l’escalier au complet.)